Si Athènes donne des gages, une aide pourrait être évoquée la semaine prochaine
La rencontre avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, vendredi 13 mars au matin à Bruxelles, a été l’occasion pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de dire qu’il faut qu’Athènes se consacre désormais pleinement au travail avec les représentants de ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne et Mécanisme européen de stabilité). Et à la Commission on laisse entendre que, si les choses avancent suffisamment rapidement, Athènes pourrait toucher très vite une partie de la dernière tranche du deuxième plan d’aide international.
« La situation [financière] du pays est sérieuse, il faut que les trois ou quatre jours qui viennent soient des jours productifs. C’est aux Grecs de se mettre maintenant durement au travail », a expliqué une source européenne après l’entrevue.
Un conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement a lieu le 19 mars à Bruxelles. Il pourrait être l’occasion d’évoquer un premier versement de prêts, si toutefois, d’ici là, Athènes s’engage, de manière ferme et concrète, sur un paquet de réformes avec ses créanciers. La Grèce, dans le cadre de son deuxième plan d’aide, doit encore recevoir environ 7 milliards d’euros d’aide.
Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), avait déjà évoqué cette possibilité il y a une dizaine de jours. Mais Berlin verrait d’un très mauvais œil cette possibilité de versements anticipés, pour parer à l’urgence financière grecque.
Le gouvernement grec accepte l’assistance de la Commission
Par ailleurs, selon une source européenne, M. Tsipras, qui a acté, jeudi, une collaboration avec l’OCDE sur ses projets de réformes, a également accepté de demander l’assistance technique de l’Union européenne : les équipes de ce que l’on appelle la « task force Grèce », constituée au sein de la Commission européenne, devraient reprendre leur travail.
Depuis près de quatre ans, cette équipe d’une soixantaine de personnes (dont près d’une trentaine en Grèce) assiste, à la demande, les différents gouvernements grecs, pour les aider à mettre en place les réformes réclamées par les créanciers.
Côté Commission, c’est le vice-président, Valdis Dombrovskis, qui devrait superviser les travaux de cette « task force ». Il devrait travailler en coordination avec des experts des autres directions de la Commission (marché intérieur, concurrence, immigration…).
Les Grecs devraient, eux aussi, constituer leur propre « assistance technique » pour discuter avec les Européens. Et le « superviseur » de cette équipe pourrait être le ministre délégué aux affaires européennes, Nikolaos Chountis.
Cela permet de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé.
Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, restera, lui, chargé de la puissante direction générale « Ecfin » et donc des équipes de la Commission (une quinzaine de personnes), qui travaillent au sein du « Groupe de Bruxelles ».
Yanis Varoufakis, le flamboyant ministre des finances grec, n’aurait donc pas part directement aux négociations. En tout cas, c’est ce que souhaiteraient les Européens.
L’amnistie fiscale proposée par Athènes à l’étude
Les Grecs ont commencé, jeudi à Athènes, à travailler avec les représentants de l’ex-« troïka » des créanciers, désormais appelé « Groupe de Bruxelles ». Ce qui est considéré à Bruxelles comme un très bon signal.
L’objectif de ces réunions est de faire un état des lieux de l’état des finances grecques, de l’état de trésorerie des différentes administrations. Et aussi d’étudier quelles réformes peuvent être mises en place rapidement.
Le gouvernement d’Alexis Tsipras a annoncé qu’il voulait mettre sur les rails rapidement ses mesures d’aide humanitaire pour les foyers les plus en difficulté dans le pays (électricité gratuite, aide alimentaire, accès aux soins).
Les créanciers veulent savoir avec quel argent ces mesures d’urgence peuvent être financées.
Par ailleurs, ils discutent déjà, selon une source européenne, de la mesure proposée par le ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui consiste à proposer aux citoyens grecs ayant des arriérés d’impôts, une sorte d’amnistie fiscale et un étalement de leurs paiements.
En effet, sur les deux premiers mois de l'année, les recettes fiscales ont atteint 7,298 milliards d'euros, soit 13,8 % (ou 1,17 milliard d’euros) de moins qu'attendu, a précisé le ministère des finances.
Le but est de faire rentrer le plus vite possible quelques milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Les experts du « Groupe de Bruxelles » étudieraient notamment comment rendre cette mesure moins injuste pour tous les Grecs qui, eux, ont payé l’impôt.
L'excédent de l'Etat central ressort à 1,243 milliard d'euros sur janvier-février, contre 1,411 milliard prévu, a-t-il ajouté dans un communiqué.
Ce montant n'intègre pas les comptes de la Sécurité sociale grecques, ni ceux des collectivités locales, et il diffère des données que suivent les créanciers internationaux. Il traduit néanmoins une amélioration de la situation financière d'Athènes.
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