Antonio Gozzi (photo) et Massimo Croci, soupçonnés d’être les donneurs d’ordre de la corruption reprochée à Serge Kubla, ont été arrêtés.
Après l’exécutant, les donneurs d’ordre présumés. Le juge d’instruction Michel Claise a placé sous mandat d’arrêt lundi deux dirigeants de Duferco, Antonio Gozzi et Massimo Croci, tous deux inculpés de faits de corruption dont le bénéficiaire, qui nie, serait l’ex-Premier ministre congolais Adolphe Muzito. Le groupe Duferco a annoncé lundi soir cette double arrestation, la qualifiant de « stupéfiante » et dénonçant une « manière de procéder qui ne peut s’analyser que comme un moyen de pression inadmissible (…) « alors que MM. Gozzi et Croci étaient venus spécialement d’Italie pour répondre à l’invitation du juge d’instruction » (lire l’intégralité du communiqué de presse ci-dessous).
Kubla nie tout fait de corruption
Les deux industriels sont soupçonnés d’avoir commandité Serge Kubla (inculpé le 24 février dernier et maintenu 48 heures en prison par le juge Claise), aux fins de faciliter la diversification du groupe dans le secteur des jeux de hasard au Congo et dans le site métallurgique de Maluku. L’ancien ministre wallon Serge Kubla était, depuis 2009, le consultant de Duferco, l’entreprise sidérurgique dont il eut la charge lorsqu’il était ministre de l’Economie. Serge Kubla avait admis avoir remis une enveloppe contenant 20.000 euros à l’épouse du Premier ministre Adolphe Muzito lors d’un de ses passages à Bruxelles. « À titre de règlement d’une facture » avait-il justifié, niant tout fait de corruption.
M. Kubla avait créé une société à Malte, la Socagexi Ltd qui factura trimestriellement en 201, la période suspecte, à Duferco 60.000 euros, soit 240.000 euros au total pour « prospection commerciale et industrielle de pays d’Afrique (Congo, Guinée) » et « établissement d’une société au Congo ». Serge Kubla aurait ainsi été brièvement le président de la société de droit congolais, la SEJ (Société d’exploitation des jeux) appelée à se positionner lorsque le Congo ouvrit au privé sa Loterie nationale.
Les « matabichs », « seule façon de faire des affaires au Congo »
L’actionnaire majoritaire de cette SEJ était la société belge Succesfull expectations Belgium, filiale de Succesfull Expectations SA (Luxembourg), dont l’actionnariat est logé dans une offshore des Iles Vierges britanniques. Ses deux actionnaires n’étaient autres que les dirigeants de Duferco, Massimo Croci et Antonio Gozzi. Ils auraient donc été les donneurs d’ordre de la diversification de Duferco en Afrique et auraient chargé et rémunéré Serge Kubla pour y aboutir, quitte à recourir au paiement de commissions, ces « matabichs » qui seraient, selon l’un des avocats de Kubla, Me Forestini, « la seule façon de pouvoir faire des affaires » au Congo.
Gozzi et Croci comparaîtront vendredi au plus tard
L’avocate d’Antonio Gozzi, Me Hirsch, avait fait savoir, peu après l’arrestation de Serge Kubla, que son client se rendrait à la convocation lancée par le juge d’instruction Michel Claise. MM. Gozzi et Croci, placés sous mandat d’arrêt, comparaîtront vendredi au plus tard devant la chambre du Conseil en vue de la confirmation ou de la levée de leur mandat d’arrêt. Le juge est susceptible, comme il l’avait fait pour Serge Kubla, de prononcer une main levée avant ce terme. Tout dépendra, comme pour Serge Kubla, de leur coopération et de l’obtention par le juge Claise des explications et des documents qu’il exige.
De son côté, le groupe Duferco annonce dans un communiqué avoir appris « avec stupéfaction que Mr. Antonio Gozzi, dirigeant du groupe, ainsi que Mr. Massimo Croci ont été arrêtés à Bruxelles ».
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